Plus de carnets
Nos carnets de voyage
mardi, 7 mars 2023
Récit de voyage - Sri Lanka novembre 22
Lors de ce voyage, j’ai eu l’occasion de rencontrer dans une ruelle cachée un « burner », c'est à dire une personne qui chauffe les pierres.
Sur les lieux de production et de négoce de gemmes, on trouve dans un petit périmètre tous les acteurs de ce marché, du « digger » (celui qui extrait les pierres dans la mine), au négociant, en passant par le « burner », le lapidaire (tailleur de pierres) et les éventuels intermédiaires, petits « brokers » qui essaient de grappiller quelques commissions pour assurer leur pitance. C’est tout un monde qui fourmille dans ces ruelles où les mains cachent ou laissent découvrir les joyaux que la nature parfois libère de ses entrailles … et qui plus tard seront travaillés par l’homme pour les rendre désirables à nos yeux.
Ce personnage filiforme presque autant que sa « blow-pipe » (canne de souffleur), aux bras noueux, se fondait à merveille, avec sa tenue traditionnelle et sa peau cuivrée, à la petite pièce aux murs de terre verdis par l’humidité ambiante. La flamme du foyer qui lentement faisait son oeuvre dans la gangue de terre cuite où reposaient les pierres brutes (voir explications plus bas), projetait parfois des étincelles avivées par le souffle mesuré du burner. Cette atmosphère n’a pas beaucoup changé depuis au moins 9 siècles où déjà les autochtones de l’époque réussissaient à embellir les pierres en les chauffant.
Sur le marché de la joaillerie, plus de 90% des saphirs et des rubis sont chauffés. A l'inverse, certaines pierres, comme l'émeraude et le spinelle, ne supportent pas le traitement thermique. Depuis 2002, la chauffe classique n’est plus considérée légalement comme un traitement (elle n’altère pas la structure de la pierre). Le terme « traitement » est dorénavant réservé à des techniques plus lourdes comme l’ajout pendant la chauffe d’éléments chimiques tel le béryllium (pour améliorer la couleur, la pureté et la brillance) ou de verre au plomb (pour remplir des fissures, essentiellement dans les rubis).
Le fait de chauffer les pierres de 400 à 1900°C reproduit à petite échelle des évènements naturels qui se sont déroulés dans les profondeurs terrestres, à savoir des pressions et des températures extrêmes qui ont permis la formation des gemmes.
La chauffe traditionnelle à des températures modérées allant de 400 à un peu plus de 1000°C permet d’enlever du bleu dans le saphir, soit parce qu’il est trop saturé (trop foncé) soit parce qu’il altère une teinte, par exemple dans un saphir rose par un aspect trop « purplish ». Après l’opération, une pierre très sombre peut révéler un joli bleu ou un saphir violacé devenir un très beau saphir rose.
Depuis les années 1970, grâce à des fours modernes dont les températures peuvent monter à plus de 1500°C avec la possibilité de régler la teneur en oxygène, les burners ont développé des techniques pour donner plus de couleur à des saphirs presque incolores (notamment par la fusion de certaines inclusions à base de titane, le saphir obtenant sa couleur bleue grâce au fer et au titane) et les rendre plus purs.
Sur cette photo, on voit 2 saphirs très sombres.
Ils vont être déposés et enfermés dans une gangue de terre cuite, elle-même mise dans un creuset recouvert de charbons de noix de coco. Le burner, par sa façon d’attiser les flammes, va faire en sorte d’atteindre une certaine température pendant une durée donnée pour obtenir la couleur qu’il a décidée au préalable. Si le geste est maîtrisé, la chauffe traditionnelle comporte toujours l’aléa de voir une pierre éclater ou de ne pas obtenir la couleur recherchée. C’est une technique à risque. L’expérience de l’artisan est essentielle.
Dans notre cas, comme vous pouvez le voir sur ces photos, les 2 saphirs sombres vont s’éclaircir pour laisser apparaitre pour l’un du bleu et pour l’autre du rose.
Le burner est donc quelqu’un d’important puisque son métier essentiel à la valorisation des pierres. Les propriétaires de bruts lui confient tous leurs espoirs d’obtenir de belles pierres gemmes, pour un maximum de profits.
Tous les saphirs et rubis ne nécessitent pas pour autant d'être chauffés. La taille et le polissage du brut peut révéler une belle couleur et transparence suffisantes pour l'obtention d'une jolie pierre facettée. Dans d'autres cas, la bonne couleur est présente mais la pierre très incluse (manque de pureté), le lapidaire peut alors faire le choix de tailler le brut en cabochon (poli sans facette). Un saphir ou un rubis non chauffé (dit "naturel") de belle couleur et de bonne pureté va se négocier bien plus cher sur le marché. Cependant, mieux vaut par exemple un saphir chauffé avec une belle teinte, une bonne transparence et un bel éclat qu'un saphir non chauffé dont le bleu n'a pas toute sa vigueur.
Je me tiens à votre disposition pour vous présenter des saphirs et rubis qu'ils soient chauffés ou non.
A bientôt !
Nos carnets de voyage
Lumière écrasante, chaleur tropicale ... j’émerge des profondeurs humides d’une mine, perdue au milieu de cette exubérante région montagneuse du Sri Lanka.
Pour vous garantir une meilleure expérience, ce site utilise des cookies non publicitaires.
En continuant à naviguer sur ce site, vous acceptez cette utilisation.