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Nos carnets de voyage
jeudi, 30 septembre 2021
Après avoir expérimenté plusieurs marchés de pierres, au Brésil, en Inde, au Sri Lanka, en Thaïlande et en Birmanie, je voyage dorénavant essentiellement en Thaïlande et au Sri Lanka.
La Thaïlande ne produit quasiment plus de pierres intéressantes pour le marché français (mines de saphirs peu qualitatifs) mais elle est la principale place de taille et de négoce de pierres de couleur dans le monde. Les pierres brutes d’Afrique et du Brésil notamment, affluent sur les marchés de Bangkok et du sud-est du pays pour être taillées et vendues sur place aux négociants. Le Sri Lanka, même si les sols sont exploités depuis plusieurs siècles, est encore très réputé pour ses saphirs, dits de « Ceylan ». Depuis quelques décennies, on trouve à Madagascar des qualités assez proches (on peut donc les confondre), ce qui en fait une terre pleine d’avenir pour les générations futures. Je ne m’étendrai pas sur Madagascar où l’on négocie les pierres non pas taillées mais brutes. En effet, la plupart du temps, j’achète les pierres taillées, sauf exceptionnellement au Sri Lanka où il m’arrive d’acheter quelques bruts de pierres fines (nouveau terme pour parler des pierres semi-précieuses).
Malgré les volumes échangés, le processus de vente et d’achat sur les marchés de pierres taillées reste très rustique. Bien acheter, c’est à dire acheter du « vrai », du « non traité », de la matière qui correspond au goût français et au bon prix, ne s’improvise pas.
Les marchés de pierres sont concentrés sur des quartiers ou plutôt quelques rues bordés de hangars ouverts et de bureaux cachés où les acheteurs, locaux et étrangers, louent un emplacement sur une table devant laquelle défileront toute la journée des brockers (personnes locales embauchées par des propriétaires de stock de pierres, chargées d’écouler la marchandise) proposant des pierres seules ou des lots. En fonction du type de pierre que je cherche pour mes clients, le propriétaire du bureau note sur une feuille épinglée sur ma table, en thai ou en cinghalais pour le Sri Lanka, ma « liste de course » !
L’ambiance est assez folklorique avec la diversité des acheteurs pakistanais, chinois, occidentaux, russes .. et l’effervescence de la négociation. On voit défiler devant ses yeux (et sa loupe !) des centaines de pierres, il faut donc une certaine concentration pour capter dans ce flux la bonne gemme qui correspondra aux attentes du client final. La technique d’achat consiste à discuter du prix en enroulant la pierre dans du papier sur lequel je note le prix voulu, scellé avec du scotch. Le brocker repart avec le scellé et revient plus tard avec l’accord ou le refus du propriétaire, et on recommence autant de fois que nécessaire l’opération pour s’accorder sur un prix ou abandonner la pierre à plus offrant. Il faut savoir rester lucide, la tentation pouvant être grande. C’est tout un art qui s’apprend avec le temps. Le roman de Joseph Kessel « la Vallée des Rubis » décrit très bien cette ambiance.
En milieu de journée, les tables sont rassemblées et un repas (épicé !) est servi à tous les acheteurs dans une ambiance conviviale. Le plus possible, les propriétaires de bureaux font en sorte d’attirer le chaland en offrant les repas, les trajets et jusqu’à la nuit d’hôtel. Je fais en sorte de ne pas devenir dépendant d’un propriétaire pour garder un maximum de liberté d’aller et venir en choisissant mes emplacements. Toutefois, tisser des liens de confiance avec un fournisseur est le meilleur gage pour bien acheter, à la fois des pierres correspondant à la qualité recherchée et au meilleur prix. Tout cela prend du temps. Depuis maintenant plus de 10 ans je fais affaire avec des personnes sérieuses qui ont su me fidéliser pour des relations de travail efficaces et sûres. Dans certains cas, un certificat de laboratoire reconnu permet aussi de valider un achat.
En matière de commerce de pierres précieuses et pierres fines, le principal risque réside dans le fait d’acheter une pierre traitée, voire une pierre de synthèse. Nombreux sont les vendeurs qui vont tenter de glisser une pierre sans valeur au milieu d’un lot.
Nous verrons dans un prochain article quelques-uns des traitements et contrefaçons, sujet que j’ai eu l’occasion d’étudier de manière approfondie lors de ma formation en école de gemmologie à Bangkok.
A bientôt pour un prochain article !
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Lumière écrasante, chaleur tropicale ... j’émerge des profondeurs humides d’une mine, perdue au milieu de cette exubérante région montagneuse du Sri Lanka.
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